De son vrai nom Stachybotrys chartarum on la connaît mieux sous son nom peu ragoûtant de moisissure noire. Elle a l’odeur tenace et prononcée de terre, ou de moisi, et une fâcheuse tendance à s’inviter dans les intérieurs favorisant sa croissance. L’Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ) a identifié cette espèce en particulier comme une cause de problème de santé au Québec. Alors, faisons mieux connaissance avec ce désagréable envahisseur et avec d’autres émetteurs similaires de composés organiques volatiles à l’odeur désagréable et potentiellement dangereux.
Les problèmes sanitaires causés par la moisissure noire
Disgracieuses, les moisissures sont également dangereuses pour la santé dans une habitation. Les moisissures noires, qui sont des champignons relâchant des spores microscopiques, peuvent être notamment responsables des symptômes suivants :
- respiration sifflante et toux
- irritation des yeux, du nez et de la gorge
- écoulement nasal et congestion des sinus
- symptômes s’apparentant à ceux du rhume
- augmentation de la fréquence et de la gravité des crises d’asthme
- fatigue chronique
- maux de tête et migraines
Les personnes âgées, les personnes dont le système immunitaire est déjà affaibli, ou qui souffrent d’autres problèmes de santé, comme de l’asthme, de graves allergies ou d’autres maladies respiratoires sont plus à risque, de même que les jeunes enfants.
De quoi se nourrit la moisissure noire ?
Pour proliférer en paix, il faut idéalement à Stachybotrys chartarum un milieu mal ventilé, au taux d’humidité trop élevé et ces quelques matériaux délicieux que l’on retrouve très souvent dans nos habitations :
- du bois ou du gypse
- des textiles et tissus
- du papier et du carton
- de l’isolant en mousse
Dans de telles conditions, la moisissure noire s’épanouit lentement, d’abord en petites taches mouchetées jusqu’à former des blocs. De vieux cartons qui dorment dans un coin chaud et humide est par exemple une combinaison idéale pour attirer et favoriser le développement de ce mycète qui se nourrit principalement de cellulose dans la nature.
Cette moisissure noire atteint une croissance optimale entre 23°C et 27°C. En 48h, elle développera ses spores contenant des toxines. C’est en inhalant ces spores invisibles à l’œil nu (qui s’accrochent par exemple à la poussière) que nos problèmes de santé apparaissent.
D’autres moisissures noires s’invitent régulièrement dans les habitations et provoquent des symptômes respiratoires équivalents plus ou moins graves selon les cas.
Quelles sont les autres formes possibles de moisissure noire ?
Les moisissures noires préféreront toujours les endroits chauds et humides de nos intérieurs confortables pour croître. Il existe encore d’autres variétés au développement plus rapide, capables notamment de relâcher leurs spores en seulement 24h. Celles-ci se présentent sous des couleurs et aspects variés. Elles se nomment :
- Penicillium
- Aspergillus
- Cladosporium
On retrouve typiquement les Penicillium à la surface des agrumes, d’abord de couleur verdâtre qui évolue vers le noir. Selon l’INSPQ, les Penicillium ont été mesurés en concentrations significatives dans 53 % des maisons contaminées par des moisissures avant des travaux.
Ils se nourrissent de plusieurs nutriments, comme la cellulose dans les matériaux de constructions, le calcium dans les fromages ou les matières organiques du carbone (sucres) dans les fruits et les légumes.
L’Aspergillus est un autre pathogène respiratoire, notamment l’Aspergillus fumigatus. Ses spores sont dites opportunistes car elles attendent, accrochées à nos poumons, que le système immunitaire faiblisse pour s’attaquer au corps humain.
Sous sa forme la plus dangereuse, Aspergillus fumigatus est responsable de l’aspergillose (avec syndrome de détresse respiratoire aiguë). Les colonies peuvent être blanches, jaunes, vertes ou noires.
Le Cladosporium s’étend en colonies de couleur vert olive à brun ou noir. On le retrouve sous une forme commune sur les feuilles de tomates. À partir d’un certain taux de spores dans l’air, ce mycète devient un allergène important pour l’être humain.
Dans quelles conditions se développe la moisissure noire ?
Les matériaux suivants, s’ils ont été endommagés par la pluie, l’humidité, une fuite, un dégât des eaux ou des inondations constitueront un habitat idéal aux moisissures :
- les panneaux de gypse
- les tapis
- les tuiles cartonnées
- les isolants
- les matelas
- les meubles rembourrés ou recouverts de tissus
Le premier réflexe pour éviter une propagation des moisissures noires sera de jeter toutes ces sources possibles de contamination.
Ensuite, les intérieurs dépourvus d’échangeur d’air, ou dont le système est défaillant, favoriseront le développement des champignons microscopiques. Le risque sera décuplé si les occupants prennent fréquemment des douches et génèrent de la vapeur en cuisine. Si vos serviettes de douche mettent du temps à sécher, c’est signe d’une humidité ambiante trop forte.
Autre source possible de développement incontrôlé de moisissure noire, les fuites d’eau peuvent provenir :
- de la toiture
- de murs poreux
- d’un revêtement défectueux
- des gouttières
- de l’entretoit
- du scellement des joints
- de drainages défectueux
Il est ainsi important de faire régulièrement inspecter le bâtiment, particulièrement si les moisissures noires commencent à être visibles sur plus d’un mètre carré de surface.
Les gestes pouvant favoriser l’infestation de moisissure noire
Le champignon aime donc l’humidité, mais comment la contrôler ? Utilisez un hygromètre afin de connaître précisément le taux d’humidité dans votre air intérieur. Il devrait être idéalement compris entre 30 % et 50 % dans un environnement sain. Si ce n’était pas le cas, vous utiliseriez un déshumidificateur et ferez contrôler votre système de ventilation. Pensez à régulièrement vider et nettoyer le bac du déshumidificateur. Vérifiez également que le boyau de la sécheuse expulse bien l’air vers l’extérieur.
Tous ces facteurs, surtout s’ils sont combinés, risquent d’encourager le développement de moisissure noire encore plus rapidement. Il est important, pour conclure, de rappeler de bien vous protéger si vous employez vos propres méthodes pour tenter de venir à bout des moisissures noires. Mettez des gants et un masque, éloignez les personnes à risques et renseignez-vous bien sur les bons produits à privilégier. Si elles reviennent malgré tout, n’hésitez surtout pas à faire appel à un spécialiste qui seul sera en mesure d’utiliser les meilleurs moyens pour régler définitivement l’épineux et envahissant problème de moisissure noire.